La tarte aux cerises.
J'en viens à ma tarte aux cerises. Parfaite métaphore de la merde que nous bouffons. Oui, nous, je n'ai pas la prétention de me mettre à l'abri... Pour ceux qui ont râté ça, petit résumé de la tarte aux cerises: Plan large, un jeune homme qui a une trentaine d'années en 2025, se trouve face à une journaliste, il lui raconte son souvenir de la tarte aux cerises que sa gentille môman lui achetait quand il était petit dans le supermarché du coin (parce qu'elle avait pas le temps de la faire). Il explique à la journaliste que dans cette tarte, il y avait de la farine, chargée de pesticide, du beurre, chargé aussi de pesticides que la vache avait mangés, des oeufs, blindés de toutes les saloperies dont la poule avait été gavée, sans parler de toutes les merdes qui avaient été pulverisées sur les cerises. On apprend rapidement que le type en question est stérile, à cause de ce qu'il bouffe depuis qu'il est gosse. c'est une fiction. C'est pas de la science-fiction. Le type en question aurait cinq ans aujourd'hui.
Alors moi, depuis ce soir, je suis encore plus méfiante. Je savais déjà tout ça. mais la réalité a pris un visage. Et ce n'est pas celui de la tarte aux cerises.
Désert.
Plus de commentaires depuis plusieurs jours, depuis plusieurs notes. Très peu de visites. Certains égarés qui cherchent de la confiture ou des pronostics pour le bac. Faut dire qu'on se fait nombreux ici, chacun veut sa place au soleil, chacun veut sa minute de gloire. J'écris toujours avec derrière moi cette douce tension. Je vois ceux et celles qui sont sous les feux des projecteurs. J'aime les lire bien sur, j'adore les voir se gargariser de leurs commentaires, j'aime déconstruire les mécanismes de leur succès (la provocation, la vulgarité, l'audace ou tout simplement le talent). Je suis jalouse de ce que certains pondent: c'est éclatant, c'est percutant, et à chaque fois qu'on tombe sur une telle perle on se dit "j'aurais pu le faire moi aussi". Oui, il faut le reconnaître, on écrit ici pour savoir un peu ce que l'on vaut, le retour est nécessaire. J'en serais toujours à mon cahier rouge clairefontaine (que j'ai d'ailleurs lâchement abandonné) si je ne cherchais pas une certaine forme de reconnaissance. Puis le silence des derniers temps me décourage. J'aime toujours lire, mais je n'ai plus envie d'écrire. Moins. Impression d'inutilité. Ce serait plus beau ailleurs.
Les jambes de Sophie.
J'ai vaguement entendu parler de l'incident de la bretelle à Cannes. Accident ou provocation? Elle reste pour moi somptueuse, voire idéale.
Evasion.
Et j'ai besoin d'évasion. Le rythme du boulot m'étouffe. C'est la fin, je le sais. Mais la fin est difficile: il y a toutes ces notes à remplir, les bulletins, les examens, et si peu de motivation dans les salles de cours... On tente encore avec le peu de souffle que nous avons encore de leur donner vie et envie.
Je ne sais pas. L'envie me manque. La motivation que j'avais au départ. Les étincelles de la passion. Certains ont soufflé dessus, comme des cons. C'était facile pour eux, ils savaient déjà comment ça se passait. Je veux autre chose. Quelque chose de concret. Ou la nécéssité d'être là est évidente, où l'on ne se demande pas pourquoi on est encore là en train de trimer, c'est une évidence. Pour certains, l'évidence est toujours là, ils savent ce qu'il veulent, c'est ce qu'ils voulaient dès le départ. Mais le contexte n'est pas le même... Alors je repense à ce projet, qui me pousse tous les jours...
L'article...
... De la semaine qui parle de vous, de moi, de cette écriture jugée trop souvent absurde, considérée comme simple phénomène de mode est là.
"Au départ, on a décidé de publier un billet le lundi, et un autre le jeudi. Mais dès le premier jour, j'ai eu envie d'écrire dix notes. J'ai décidé de le tenir à flux tendu. "
Pierre Assouline.
Furax
Il m'annonce il y a une heure "tu sais où on va ce soir?". Il émerge d'une sieste alors que je rentre du taf. "Nan, je sais pas". Un instant, je me dis "hum, une surprise..." puis je me dis "crotte, j'ai trop de boulot...". Mais il ne fait presque jamais de surprises. Ouais, en fait, c'est ce barbecue chez ces potes dont il m'a vaguement parlé il y a deux semaines. C'est ce soir. Et moi, je me suis trimballé tous mes sujets d'exam depuis le lycée (environ dix kilos de paperasse) avec cette bonne résolution qui m'a trotté dans la tête toute la semaine: "Vendredi soir, tu boucles, même si tu dois te coucher à trois heures". Dilemme. Mauvaise conscience. Démolition de bonnes résolutions à coup de pioche...
Puis finalement, je suis là. Il est parti il y a quelques minutes. Je suis restée là. Je troque un barbec' en plein air contre quelques six cents copies. Quel courage. Même là, je tente encore de me convaincre. Arrète de réfléchir et bosse.
La recette.
Mois de juin. Revoilà mes grands chercheurs de recettes de confiture de groseilles. Y'en a pour quelques mois. Sans compter ceux qui ont un congélateur. Non, je ne fais pas de confiture. Ceci dit, pour vous éviter d'être venu ici pour rien, voilà une recette. Ne sais pas si elle est bonne. Me demandez pas.