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Diane Groseille
24 novembre 2010

Gab.

Cliquer trois fois. Créer un fichier. Mettre les trois lettres de son prénom en titre. Gab.doc. Donner du sens rien qu’avec ces actions simples. Il existe avec la création de ce fichier. Il existe par les mots. Il existe sans doute bien plus que d’autres.

Samedi soir, alors que je me rendais chez ces amis que je n’avais pas vus depuis des mois, je crois que je savais. Je savais que ça n’allait pas se limiter à quelque chose d’anodin. Je ne sais pas pourquoi. Je m’étais faite belle, j’avais mis cette petite jupe qui tourne un peu, mes bottes à talons qui font mes jambes plus longues, j’avais mis un peu plus de noir sur mes yeux. Pourtant, rien ne laissait présager ça. Je ne le connaissais pas, je l’avais entr’aperçu il y a un an et demi, lors de ce mariage, alors que je couvais déjà ma dépression. Je venais de me séparer de Neb et la tempête grondait. Je crois que mon attention alors était toute centrée sur cette petite boule de tristesse acide que je voulais faire taire et qui me ravageait l’intérieur.

Samedi soir, il était là. J’ai découvert un grand garçon franc, bourré de charme et d’humour. Intéressant et intéressé. Respectueux de tout ce que l’on pouvait dire autour de lui. Taquin mais sans être lourd. Plein de finesse. Il n’est pas beau, mais dégage quelque chose qui m’a plu dès les premières minutes. Et la soirée file, trop vite à mon goût. Je vois nos hôtes fatigués et avec ce constat approche le moment de se quitter. Lorsque je sors de leur appartement, il reste derrière moi, je vois son sourire dans l’entrebâillement de la porte et je me dis, alors que je dévale les escaliers qui me mènent à ma voiture, que je ne le reverrai jamais.

Samedi soir, je rentre chez moi et envoie à mes deux amis un petit mail de remerciement dans lequel je leur fais savoir que j’ai adoré faire la connaissance de leurs amis.  Le lendemain, je reçois un lien facebook qui me suggère de devenir «amie» avec lui. Je ne clique pas, je ne veux pas me précipiter. Je réfléchis devant mon écran lorsque dans mes mails, quelques secondes plus tard seulement il me demande en «amie». Ridicule, bien sur, mais mon cœur s’emballe, je pousse de petits cris de joie seule dans mon appartement. Et après ? Super ma grande, t’es «amie» avec lui sur facebook, quel pas en avant ! Puis je me dis que c’est toujours mieux que rien, qu’au moins toutes les portes ne sont pas fermées. C’est avec un sourire et une espèce de sérénité inexplicable que je me rends chez mes parents avec ma Tine pour le déjeuner dominicale. Puis la journée file. Dans la soirée part ce petit message anodin pour Gab dont j’ai déjà parlé lundi. Il n’attendait pas de réponse mais en espérait une…

Lundi, huit heures de cours et dans la soirée, mes traditionnelles deux heures de théâtre me permettent de lâcher toutes les tensions, de partir dans la création. Nous nous retrouvons comme toujours autour d’un verre et d’un bon petit plat après notre atelier. Ce soir là, une fois de plus, l’ambiance est bonne, les rires fusent, la bonne humeur est palpable. J’aime ce groupe, malgré les déceptions qui peuvent être occasionnées. Je sais que je suis exigeante avec eux, je sais que je ne dois pas en attendre trop. Et l’Homme aux mille questions, à ma droite ce soir là, qui prend ma main, qui me dit que je sens la vanille, qui pique un fard alors que je le regarde juste dans les yeux et qui m’encourage à boire encore et encore dans son verre, pour savoir à quoi je pense… Je quitte la périphérie de M. avec ces doutes toujours à son sujet.

Hier, il répond. Qu’il n’était pas rentré chez lui, qu’il est désolé d’avoir tardé, qu’il est ravi d’avoir de mes nouvelles, que je peux passer le voir quand je veux. Il vit à trois heures de route de chez moi. Je ne réponds pas tout de suite. Hésitante sur le contenu à apporter à ma réponse, je laisse finalement passer de longues heures de cours. Mon prétendant, celui qui m’avait embrassée vendredi soir m’appelle mardi midi. Il me dit qu’il veut me voir, qu’il est disponible en début de soirée. L’envie n’est pas là, mais je cède.

Après quatre heures de surveillance, je le rejoins dans un café dont je n’aime pas l’ambiance et la luminosité crue. Lorsque je m’approche de lui, il attrape ma bouche et m’embrasse. Je n’aime pas. Un de ces baisers de vieux couple. Manque plus que le «t’as passé une bonne journée chérie ?». Très peu pour moi. Nous passons quelques heures ensemble. Nous flânons dans les allées du marché de Noël qui vient de s’installer dans le centre ville de M. Un vin chaud, quelques sourires et nous nous installons dans un café où nous mangeons quelques tapas. Je n’ai pas faim, je regarde l’heure, impatiente de rentrer, je n’avais pas l’intention de passer la soirée à ses côtés et le fait qu’il m’ait un peu forcé la main m’agace sans que je ne m’en rende compte. Je me sens nerveuse et je ne parviens pas à m’expliquer pourquoi. J’ai pourtant toujours aimé les moments passés avec lui. Installés l’un en face de l’autre, alors que je lui parle avec conviction et fougue de ma vision de l’enseignement, ses doigts viennent glisser sur mon bras puis sur ma main. Je ne sais expliquer à quel point ça m’a crispée. J’en avais des envies de violence. Et je ne sais expliquer pourquoi. Incapable. Il me raccompagne à ma voiture et m’embrasse encore. Je n’aime pas ça. Toujours pas. Je n’aime pas ses lèvres, je n’aime pas ressentir ce néant en moi quand elles se posent sur ma bouche, juste un contact mouillé. Il me dit, alors que je manque de lui claquer la porte sur les doigts, qu’on peut se voir dimanche soir. Je botte en touche, je bosse le lendemain, je ne pourrai pas venir à M. Et lui de trouver la solution miracle : il peut dormir chez moi. Aïe. L’éventualité me met face à la réalité : je ne veux pas de lui dans mon lit, je ne veux pas de lui dans ma vie, comment ai-je pu imaginer le contraire ? Je réalise qu’il n’a d’ailleurs jamais trouvé de « nom » ici… Je fais le trajet de retour avec ces questions qui volent comme de sales mouches dans habitable de ma voiture. Et je déteste alors son odeur qui semble figée sur mes lèvres, sur ma peau, indélébile. Dès mon retour, je me fais couler un bain. Je retrouve le calme de mon appartement, j’allume mon PC, je mets l’album de J. Tillman découvert il y a peu. Je me détends, je chasse de mon esprit ces idées.

Puis au détour d’un passage rapide sur facebook, il est là. Gab. Sa connexion déconne mais pendant près de deux heures, il m’envoie des messages. Peu de cohérence dans ce que je parviens à comprendre entre deux interruptions, mais tant d’acharnement. Il veut me parler, il veut me connaître, mieux, un peu au moins. Comme tout cela est compliqué, je lui laisse mon numéro et il m’appelle. Et cela se poursuit par deux bonnes heures au téléphone. Sa voix est tendre, calme, posée et enrouée. J’aime. Je pourrais l’écouter pendant des heures. Je l’écoute pendant des heures. Et je parle beaucoup aussi, et facilement je me confie à celui que je ne connais finalement pas. La confiance est évidente. Nous réalisons que nous avons de nombreux points communs. Cette passion pour la littérature et l’écriture, pour le théâtre. Une longue vie de couple derrière nous et une joie retrouvée avec la liberté qui a suivi, précieuse aujourd’hui. Il me pose des questions, indiscrètes, mais qui ne me gênent pas. Je raccroche le téléphone vers une heure du matin, avec un sourire simple sur le visage. Je vais me rouler en boule sous ma couette et j’ai du mal à trouver le sommeil. Je lui en ai trop dit, je n’aurais pas du…

Ce matin part un petit mail pour lui faire savoir mes regrets de m’être confiée si facilement, de lui avoir dit de moi tant de choses que je ne dis pas habituellement, de lui avoir fait savoir mes doutes, mes craintes, de lui avoir montré mon obscurité. Je me dis que sans doute pour tant de franchise, je vais être sanctionnée. Je reçois dans la matinée alors que je suis face à une classe qui quitte la salle pour partir en pause deux petits messages silencieux qui viennent crier dans ma tête. Le premier dit merci, ne t’inquiète pas, j’ai aimé. Le deuxième dit encore à quel point nous sommes pareils. Et je mets alors un masque pour ne pas afficher ce trop plein de bonne humeur qui m’inonde.

Dans quelques minutes, je vois notre ami commun. Nous nous retrouvons pour aller boire un verre. Ce sera l’occasion de tâter le terrain, de savoir si je dois me méfier ou si mon impression de confiance est la bonne...

***

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22 novembre 2010

La nuit chasse les dilemmes.

Quelques journées sans mots, quelques semaines sans maux. Et pourtant, l'impression d'avoir pris dans certains domaines des virages surprenants. La vie fait des ricochets parfois inattendus.

Premier élément, cette question au-dessus de ma tête depuis quelques jours, comme une épée de Damoclès. Je tiens l'épée. Tout commence par une conversation avec mon père un jeudi gris. Le point de départ est positif, il évoque un départ en retraite finalement précoce par rapport à ce que l'on attendait. Mais autour de cette hypothèse, des doutes. Notamment quant à la possibilité de continuer à "investir" dans mon appartement. Et derrière cet aveu arrivent les mots qui blessent. On me laisse entendre que c'est une aide, que je ne suis pas autonome, que d'ailleurs, professionnellement aussi, mes choix montrent leur limites. La discussion s'égare, me tire des larmes. J'avais l'impression, la certitude d'avoir une vie stable, d'avoir fait les bons choix, d'avoir opté pour des solutions qui me correspondaient et qui prouvaient aujourd'hui que j'étais indépendante. Et j'aperçois derrière les propos de mes parents tant de fragilité. Oui, au final, seule je n'avance pas. J'ai besoin d'eux. Depuis le départ de Neb, ils sont très présents. Ils s'occupent de mon Lu les semaines où je travaille trop, ils me versent une partie des traites de mon appart' (ça m'avait été présenté comme un investissement judicieux pour eux il y a deux ans, j'y vois simplement maintenant leur générosité pour leur fille qui était alors en pleine dépression), ils se font du soucis pour mon avenir professionnel. Cette année en effet, j'observe les limites de ce système qui me laisse tant de liberté. Ne pas dépendre d'un employeur, multiplier les contrats, voilà qui a son charme quand il y a du choix. Tous mes collègues s'accordent à dire que c'est très difficile cette année. Les centres de formation souffrent de la crise, les contrats se font rares, les vacataires sont remplacés par des permanents qui se doivent d'être polyvalents à défaut d'être compétents. On limite la casse. Et ce sont les contrats "volants" qui trinquent. J'ai pourtant essayé de trouver d'autres pistes pour compléter un emploi du temps très léger par rapport à l'an passé. Pas évident : pas de réponse ou des refus. J'en suis à proposer mes compétences en tant que bénévole, pour meubler des semaines creuses. Je vais faire des lectures en maison de retraite, monter un atelier d'impro avec de jeunes illettrés, reprendre sérieusement les lectures pour la bibliothèque sonore.

Puis derrière tous ces constats, et après la claque à l'amour propre, j'ai voulu positiver tout ça. Mon appart' me coûte trop cher ? Mon métier n'en est pas vraiment un ? Alors il faudrait se débarrasser de l'appart' et trouver un autre emploi. Et une solution se dessine. Mettre cet appart' en location (le vendre n'est pas une bonne option par les temps qui courent) et partir travailler à l'étranger. Depuis ma séparation avec Neb, j'envisage ce départ. Dans les premiers mois, on me disait que je ne devais pas y penser, que ce n'était pas bien de partir pour fuir. J'étais sans doute trop faible pour me lancer dans cette aventure. Puis l'idée s'est faite transparente, discrète derrière un rythme de vie mouvementé. Aujourd'hui la revoilà, plus solide, plus aboutie. Certes, ce n'est qu'une idée pour le moment. Elle ne plait pas à tout le monde. Beaucoup autour de moi manifestent un égoïsme flatteur, mettant en avant leur attachement et leur refus de me voir partir. Pas de décision pour le moment. Je prends la température. Auprès de mes proches dont les conseils sont précieux. Auprès de sites internet qui étalent des annonces plus alléchantes les unes que les autres.

Et en attendant, je continue à avancer dans un automne somme toute agréable. J'enchaine des semaines très irrégulières. Parfois six jours sans travailler. Puis à nouveau quarante heures d'affilé. Pas de cohérence mais on s'y fait. Et derrière tout cela, il y a des satisfactions personnelles, preuve que je suis quand même maître(sse) de mon destin. Par exemple, plus de cigarettes depuis plus de deux semaines et même pas mal, même pas peur. le plus dur aura été d'écraser la dernière. Et je regarde en arrière, ces huit mois où j'ai repris et où j'ai fumé comme un pompier. Je ne comprends pas. Il me faudra d'ailleurs une note entière pour expliquer ce phénomène si étrange. Puis mon groupe d'impro qui tient la route malgré quelques doutes en début d'année. J'ai appris à prendre les membres de ce groupe avec plus de distances, plus de souplesse. Ils ont tous des caractères forts, des attentes différentes et je dois leur laisser de l'air si je ne veux pas les essouffler ou les étouffer. Prochaine représentation dans trois semaines, premier match contre une autre équipe, je suis sure que ce sera bon.

Dans ce contexte, toujours mon homme aux mille questions. Et malgré tout ce temps, malgré toutes ces portes fermées, j'en suis toujours à vibrer à chaque fois que je le vois. A vibrer au point d'en perdre mes repères. Il est doux avec moi, proche mais sans l'être vraiment, sans ambigüité. L'autre soir, il s'est joint à moi pour une interview que je devais donner au nom de l'association. J'ai tellement aimé sa présence, sa simplicité, la spontanéité de ses réponses face à la journaliste amusée. J'ai aimé nous voir tous les deux ensuite à la table de ce petit café que j'ai tant fréquenté autrefois. Ses yeux et son sourire sont des massues qui me démolissent la raison ! Il y a une semaine, son frère est venu nous rejoindre après notre entrainement hebdomadaire. J'ai aimé le voir dans ce contexte, petit frère si complice, si fier. Je craque un peu plus, je m'effondre progressivement, à chaque fois que je partage des moments avec lui. Et derrière tout cela, rien ne bouge. Impossible pour moi d'avancer un autre pion, j'ai déjà dit ce que j'avais à dire. Statu quo.

Autres contextes, autres histoires. La déclaration de début septembre, mon ancien élève, s'est essoufflée. Il a finalement lâché l'affaire sans explications. J'essaye de tourner la page de son corps chaud et musclé, de ses gestes de tendresse enfantins. Bien sur que c'est mieux ainsi ! La déclaration de début octobre est plus difficile à décourager et je me retrouve d'ailleurs prise à mon propre piège si on peut dire. Cela faisait un mois qu'on se voyait. Je n'avais pas donné de suite favorable à ses aveux, d'autant plus qu'un beau gros mensonge était venu se greffer dessus entre temps. Cependant, sa compagnie me plait, nous continuions à nous voir et je pensais que les choses étaient claires. Puis bien entendu est arrivé le moment où il m'en a demandé plus. Je lui ai ressorti le disque habituel. Celui de Nam, celui de l'ancien élève, celui qui semble rayé à force. Celui qui dit que je ne suis pas prête à m'engager, à faire des promesses, que le peu que je suis prête à donner ferait plus souffrir qu'autre chose, que je ne peux exiger de personne d'accepter ça. Il me demande d'être plus concrète, alors oui, je le lui dis, ça rime avec  liberté, éphémérité et infidélité. Il part ce soir là, alors qu'on sortait du cinéma, avec son petit mouchoir au coin de l'œil. Je pense avoir été sincère, même si bourreau des cœurs. Du coup, je ne vois pas venir ce qui me (re)tombe sur la tronche vendredi soir : je passe chez lui pour un apéro rapide alors que je suis attendue pour diner chez des amis une heure plus tard. Et là, il me dit "oui". Je reste coi. "Oui" quoi ? Oui, il accepte. Mes conditions dont personne ne voudrait, ces petits lambeaux de relations que je suis prête à céder. Il veut bien de ces miettes de moi-même que je daigne lui accorder, même s'il ne doit pas être le seul, même s'il doit subir mes silences, même s'il n'a droit à aucune exigence, même si ça se vit au jour le jour, sans lendemain. Il accepte. Il veut bien de ça à défaut d'autre chose. Il se contentera de ça. Il m'aime. Sur ce, il m'embrasse. Et je ne sais que dire, que faire. Je ne sais pas si ça me plait, si je veux de ça, de lui, de cette situation. Je le quitte ce soir là, un peu perdue.

Le week-end file sans que je ne lui donne de nouvelles et sans que je n'en reçoive. Samedi soir, invitée chez d'autres amis, je réalise que c'est une soirée embuscade. De celles où un couple consciencieux et plein de bonne volonté lance les invitations auprès de tous les célibataires de son répertoire. Pour l'occasion nous étions trois cœur à prendre. Deux hommes et moi. Le premier, je le connais déjà, je l'avais eu sur le dos il y a un an et demi lors d'un mariage. Le deuxième, je l'ai rencontré brièvement dans le même contexte. Brièvement car Monsieur, ivre "de bonheur", s'était tapé une sieste sur un banc au soleil après l'apéro et on ne l'avait presque plus revu. Et cette soirée, imprévue, m'a finalement plu. Bien entendu, il a été doux de revoir ces amis que je n'avais pas pris le temps de voir depuis près d'un an. Et leur petite fille, adorable demoiselle d'un an à peine qui connait tous les cris des animaux. Mais j'ai aimé en particulier le deuxième cœur à prendre. J'ai aimé sa voix rauque, accentuée encore sans doute par son gros méchant rhume et par ces cigarettes roulées qu'il sortait fumer sur le balcon. J'ai aimé son humour, rentre-dedans, ses mains qui se sont agitées à table lorsqu'il parlait, la force calme avec laquelle il a défendu certains avis, la pertinence de ces derniers. J'ai aimé découvrir en quelques heures seulement derrière ce grand gaillard un personnage complexe et curieux. J'étais finalement sous le charme. Rien de plus, bien sur. Mais quand j'ai lu hier soir dans mon télérama un article en rapport avec son sujet de mémoire (oui, Monsieur a repris des études), je n'ai pu m'empêcher de lui envoyer un mail via facebook (nous sommes "amis" depuis hier matin) avec l'espoir secret d'une réponse, d'un peu plus peut-être...

Voilà où j'en suis. Noël approche, les marchés de Noël déboulent dans toutes les villes alsaciennes dès la semaine prochaine et avec eux le flot habituel de touristes. Je n'aime pas les mois de novembre, mais il me semble cette année moins pire que les autres. Toutes les portes sont ouvertes je sais que je peux en ouvrir encore, autant que je le souhaite...

22 novembre 2010

Note ronde.

Et de mille !
Mille mots magiques.
Mille messages miroirs de moi-même,
et mémoires de moments, murmurés ici.
Mille mercis à vous tous de faire que cette magie dure.
***

7 novembre 2010

Yes !

Il y a deux heures,
j'ai fumé ma dernière cigarette.
Et une bonne chose de faite, une !

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***

5 novembre 2010

Funérailles.

Ciel laiteux, air piquant. Les yeux secs et le cœur gros, ma sœur, mon frère et moi marchons vers l'église. Derrière nous suivent les membres de notre famille, réunie pour l'occasion. Certains ont même franchi des frontières pour être présents. Je n'avais plus mis les pieds dans cette église depuis dix ans et c'était déjà alors pour y faire mes adieux à quelqu'un. Lorsque je m'avance dans l'allée vers le cercueil recouvert de fleurs blanches, les bancs sont encore déserts. Tous les trois, nous nous installons au deuxième rang. La lumière et l'odeur du lieu me gênent dès les premières minutes. Toujours cette sensation d'oppression.

Tout ce qui suit n'est que colère (et je m'en veux). Encadrée par une sœur et un frère larmoyants, je serre es dents. J'aurais aimé simplement être là pour un dernier hommage à mon oncle. J'aurais aimé qu'on me parle de lui. Mais la messe aura duré une heure et demi. Et durant ces longs instants, j'ai senti gronder comme un raz-de-marée en moi cette révolte. Il n'a été question que du seigneur, de la vie éternelle, des cieux, et va gober ton hostie, et "debout" et "assis", et "amen" et "l'agneau de Dieu qui enlève le pêcher du monde"...Et le curée de se tromper dans les prénoms, d'en oublier un frère et de ne plus savoir dans quel village il est ! Et si peu sur mon oncle. Lui comme les autres n'est qu'un mouton dans cette industrie des funérailles. Pourquoi avoir confié la tache de lui rendre hommage à quelqu'un qui ne le connait pas, qui ne nous connait pas ? Lui qui n'était même pas croyant. Pourquoi passer systématiquement par cette étape ?

Je sors de cette cérémonie avec une boule dans le ventre. L'impression d'avoir été prise en otage. Mais je reste silencieuse et je macère dans mon ressenti. Je sais que ça n'a pas sa place. Je m'en veux de ne pas avoir su faire abstraction de tout ça, de ne pas avoir été simplement là pour lui et pour mes proches. Je m'en veux de m'être laissée aller à des considérations qui n'auraient pas du interférer. Je me tais. J'observe ensuite le fossoyeur, affublé d'un T-shirt smirnoff, laisser coulisser entre ses mains les cordes qui font descendre mon oncle dans la terre. Plus loin, à quelques tombes à peine, ma grand mère repose depuis dix ans et j'ai presque l'impression d'entendre son rire.

Ensuite, ces moments de partage. Une convivialité, des mots, une chaleur dont tout le monde a besoin. On est là, on s'écoute, on sait que tout ça a de la valeur, que c'est important et éphémère. On se prend une réalité en pleine gueule, celle du temps qui passe, de la roue qui tourne...

Je suis restée avec ma famille le lendemain, pour être là et parce que j'avais besoin d'eux. J'ai dormi dans mon petit lit de lycéenne, j'ai retrouvé cette maison fourmilière. Il y avait ma cousine Anna de Turin, douce sous ses airs de brute et tellement complice malgré la barrière de la langue (qui n'en est plus une après deux heures à ses côtés). Il y avait les cousins et cousines de mon père, gentils mais fuyants. Il y avait tous mes cousins et cousines qui vivent pourtant à deux pas de chez moi et que je ne vois plus du tout. Et il y avait ma tante, veuve souriante et discrète.

Et mon père au milieu de tout ça qui avait passé une semaine à galoper pour tout organiser et pour régler tous les aspects administratifs. Fort et fragile à la fois, il a su fédérer tout le monde, faisant fi de son chagrin...Et je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour lui, de le trouver taciturne et triste...

Rentrée chez moi, j'ai du mal à retrouver mes marques. Toutes les futilités des semaines passées s'évanouissent au regard de la mort. J'en réévalue mes priorités. Je me sens étonnamment bien, entourée de richesse dont il me faut profiter...

***

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