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Diane Groseille
22 juin 2009

Et merde !

Voilà plus de trois mois que je traine une cochonnerie. Je n'en ai que peu parlé ici jusqu'à maintenant car "ça ne se fait pas". Puis justement, cette bienséance m'est revenue à plusieurs reprises en tête. Pourquoi ne dit on pas ces choses là, sur quelles abstractions repose ce tabou ? Ne trouvant aucune réponse concrète à mes questionnements, j'ai décidé de traiter ici le sujet, aussi difficile soit-il : âmes pudibondes s'abstenir !

Alors voilà où j'en suis : depuis des semaines, mon ventre me fait des misères, on peut même considérer ça comme de mauvaises blagues. C'est souvent au moment où je m'y attends le moins que le processus se met en marche, c'est toujours la même chose : d'abord une grande sensation de fatigue et des fourmillements qui semblent me parcourir. Puis on passe aux choses sérieuses : une main invisible et vicieuse semble alors me saisir les tripes pour les tordre à sa guise. L'effet est instantané, les crampes sont dans les minutes suivies de diarrhées violentes. Nous voilà dans le vif du sujet : top glamour !

Bien entendu, c'est très douloureux : les crampes sont une torture qui peut durer plusieurs heures. Elles n'étaient au début que très courtes et ponctuelles, elles viennent aujourd'hui clore presque tous mes repas. Mais si ça n'était que ça, tout serait très simple. Il se trouve que ce genre de surprise compromet un tant soit peu ma vie sociale, aussi pauvre soit elle déjà au départ. Car bien entendu, il est délicat de s'absenter en plein cours/repas/dialogue/séjour, sans paraître incompétente/mal polie/grossière. Je repense au premier incident. J'étais pour la première fois chez mon ami K., un collègue avec lequel j'ai vraiment sympathisé. Il me présentait alors sa femme, qui porte l'enfant qui doit voir le jour en août. Ils étaient en train de m'expliquer avec émotion dans quelles conditions ils s'étaient rencontrés quand j'ai tapé un sprint vers leurs toilettes. Heureusement, j'avais en face de mois deux personnes très compréhensives qui se sont contentées de s'inquiéter de mon état. Entre temps, j'ai reproduit la course (départ arrêté et nouveau record à chaque fois) au restaurant, dans un musée, dans un bar, en cours, en voyage en Italie, etc.

Je me pose depuis de nombreuses questions quant à la perception sociale de la chose. Vous allez sans doute trouver mon questionnement tordu et futile, mais je me lance. Comment se fait il que la nourriture soit à ce point et depuis toujours le centre de toutes les convivialités alors que son expulsion est au contraire, auréolée d'un tel tabou ? On imagine avec plaisir se retrouver autour de plâtrées de bouffe pour célébrer tout et n'importe quoi (d'ailleurs si la bouffe était absente de ces célébrations, ce serait un scandale) alors qu'il serait déplacé, ne serait-ce que d'évoquer le bon fonctionnement de nos intestins.

Pourtant, son vocabulaire est omniprésent dans notre langue et semble occuper toutes nos pensées. Mon titre n'en est qu'un exemple. Je ne vous épargnerai pas les "tu me fais chier", "tu m'emmerdes" et autre "crotte". Être dans "la merde" ou dans "le caca" est tout aussi fréquent. On retrouve également les dérivés du type "chier dans la colle", "chier dans les bottes", "chier des rondelles de chapeau"... Il s'agit même de dire "merde" à quelqu'un pour lui souhaiter bonne chance. Pourtant, malgré cette omniprésence dans le verbe, vous resterez un malotru si vous osez aborder le sujet autrement que par des expressions imagées. J'ai d'ailleurs découvert il y a peu que la question "ça va" repose étymologiquement sur des questions de digestion. Pourtant, une fois de plus, il ne viendrait à personne l'idée de poser clairement la question.

Je me demande alors comment gérer cette nouveauté. Les semaines passant, je m'y habitue, dans la mesure où on peut prendre des habitudes dans ce domaine. Je refuse certaines sorties, j'annule certains cours lorsque les signes avant coureurs me permettent de le faire. J'évite d'en parler à mes proches que ça inquiète. J'ai vu deux médecins, j'ai fait des analyses de sang., une coproculture et  la semaine prochaine, je me présenterai avec une joie non dissimulée à ma première coloscopie : youpi ! Plusieurs hypothèses se profilaient, intolérance alimentaire, virus, parasite... mais les résultats sont venus "rassurer" tout le monde, tout est en ordre. Si ce n'est que mon ventre n'a pas été informé de ce fait.

Je repense avec le sourire à ces rares épisodes de la littérature ou du cinéma qui viennent traiter le sujet. Marcel Pagnol décrit avec la tendresse d'un adulte qui regarde son enfance la belle Isabelle Cassignol, qu'il considérait alors comme une référence de grâce et de féminité, jusqu'au jour où celle-ci, prise de violentes coliques, perd tout intérêt à ses yeux. Ou encore le personnage de Patrick Cauvin dans Nous allions vers les beaux jours, qui décrit les crampes de la dysenterie comme une horde de chevaux lancés au galop.

Voilà. J'en chie. On ne me trouve rien. L'été approche et je me vide. Certains diront que j'ai besoin de digérer une situation difficile. D'autres préféreront la facilité et mettront ça sur le dos du stress (il a bon dos). Et je n'ai pas de réponse à mes questions.

cabinets

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22 juin 2009

Grand écart.

En cette fin d'année rendue difficile par des paramètres imprévus et indépendants de ma volonté, je suis fatiguée. Ma tête et mon corps sont fatigués.Parfois, il y a comme des déconnexions dans mon quotidien. Réactions machinales et ridicules.

L'autre jour, par exemple, je trainais sur des sites de vente par correspondance : les soldes approchent et je cherche à repérer des vêtements sympas pour cet été. Alors que les pages virtuelles se tournent sous mes yeux, je me rends compte que ce dont j'ai vraiment besoin pour pouvoir porter ces vêtements est une belle paire de jambes. Sur chaque photo, ce qui me plait n'est pas le vêtement mais les longues jambes galbées et halées. Je réfléchis deux secondes : quel site me proposerait une belle paire de jambes et à quel prix ? * Déconnexion.

Trajet en voiture, il y a peu. La chanson diffusée à la radio me plaît et naturellement, je tourne le petit bouton de mon poste et je savoure le son. Et je me dis, très spontanément qu'il faudrait penser à installer le même petit bouton sur la vie, sur chacun de nous, comme ça, quand il y a des moments qu'on aime bien, on peut les intensifier, monter le volume et permettre aux autres autour d'en profiter. A l'inverse, les moments de douleur pourraient être tus. Déconnexion.

Et tout à l'heure devant la télé, cerveau en veille, je veux changer de chaine et je prends ma calculatrice à ma droite qui a servi à faire ma déclaration d'impôts. Il m'a fallu quelques secondes, la regarder, pour me rendre compte que je ne pourrai pas changer de chaine, même avec beaucoup de bonne volonté. Déconnexion.

Je passe beaucoup de temps à ne plus penser, volontairement, je vide ma tête de toute la gymnastique mentale de l'année. Et alors me viennent des mécanismes spontanés de pensée originaux, voire absurdes. Aussi ridicule que cela puisse paraître, ça me fait "avancer le crâne". Je réfléchis indirectement à ces gestes du quotidien, vides de sens et chargés de symboles si on les observe de plus près. Et j'ai l'impression de me libérer. Un peu. Et je trouve dans ces gestes de banalité des réponses que je n'attendais pas.

chocolate_con_pana

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[* Projet piscine, le stade nautique va me permettre de nager en plein air, cette fois-ci, il va falloir s'y tenir. Je marche déjà, je traine mon Lu sur des chemins de campagne que nous foulons d'un pas rapide, malgré quelques arrêts pour grappiller des cerises.]

17 juin 2009

Second plan.

Effacée.
Je suis la femme sur la tableau de Doisneau.
Celle qui passe derrière le couple d'amoureux.
Celle aux traits tirés.
Soucieuse.
Vie en transparence.
Silencieuse.

le_baiser_hotel_de_ville

elle_le_baiser_hotel_de_ville
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Diane Groseille
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