Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Diane Groseille
20 octobre 2015

Trébucher.

L'un de mes élèves, un adorable jeune homme de 27 ans qui prépare un concours, vit dans un immeuble récent, à quelques centaines de mètres de chez moi. Lorsque je vais le voir, je prends les escaliers pour rejoindre rapidement son appartement au deuxième. Et ce depuis des mois. Puis chaque fois, je trébuche. Toujours entre le premier et le deuxième. Au même endroit. Prise dans ma course, les premières fois, je n'y ai pas prêté attention. Car cela ne provoquait pas non plus une chute lamentable, mais juste une petite hésitation de parcours, un vacillement, une projection trop rapide en avant à cause de la pointe de ma chaussure entrant en contact avec la moquette d'une marche.

Une marche. toujours la même.

La dixième, la quinzième fois peut-être, j'ai trouvé que la coïncidence était suffisamment étrange pour que je m'y intéresse. Oui, il me faut du temps pour percuter. Un jour donc, après cette énième perte d'équilibre vite contrôlée, je me suis figée dans mon mouvement, et j'ai pris le temps de repartir en arrière, de redescendre de trois marches... Pour me rendre compte que cette marche, celle-ci, toujours la même et jamais une autre, est tout simplement plus haute que les autres. Vraiment. Quelques centimètres peut-être, mais qui font toute la différence dans l'élan d'une journée de cours.

Une marche. Toujours la même.

Je suis en ce moment, sur ces dernières semaines de ma vie professionnelle, dans l'énergie contrariée par une marche un peu trop haute. Qui me fait vaciller. Je bute, j'oscille, je doute.

Reste à identifier la marche. Et à ne pas chuter.

escalier

***

Publicité
Publicité
17 octobre 2015

Le lapin blanc.

Tant travailler

Trop longtemps tâtonner

Autant t'en tamponner

Tutoyer les tensions

Tant de thé pour tenir

Temps dégoûtant

Instant distant

Entêté clignotant

Tâter l'ereintant

...

Pierre, poids, poing.

***

Vampirekingdom-01

Etre pressé :

  • Avoir été comprimé, tassé, avoir subi l'effet d'une pression : Fromage à pâte pressée.
  • Être urgent : Ce travail n'est pas pressé.
  • Avoir quelque chose d'urgent à faire, manifester de la hâte : Je vous quitte, je suis pressé. Marcher d'un pas pressé.
  • Avoir hâte de : Je ne suis pas pressé de le voir.

***

L'automne est venu vite. Fort. Et avec lui, ce rythme si dur.

Je relis ces "envies de rentrée", postées il y a quelques jours à peine et je m'en agace, je m'en indigne. J'ai dessiné non pas des envies, mais ce tableau parfait de cet automne que j'aimerais vivre, tout en sachant déjà qu'il me sera lointain, voire inaccessible.

J'ai pris cet été la décision difficile de me séparer d'un de mes employeurs. Les dernières années, dans ce centre, la mauvaise foi, le manque de transparence et l'enseignement dans des conditions lamentables m'avaient découragée. Mais ce choix fait et tout le soulagement digéré, il a fallu faire face à la réalité et retomber sur mes pattes. Très vite, j'ai retrouvé un autre centre de formation pour remplacer : autre cadre, autre public, nouvelles tensions, appréhensions, réorganisation. Je bouffe une énergie et un temps incroyable pour faire en sorte d'être à la hauteur et pourtant, je me sens fragile et bousculée tout le temps.

C'est légitime et fondé. J'enchaine des semaines à plus de 35 heures de cours (48 cette semaine) et ce aux quatre coins du département. Je rencontre chaque jour de nouvelles têtes, je ne sais plus où j'ai garé ma voiture, je mange rarement à midi, je suis déjà envahie de paquets de copies, de photocopies et de mauvaise conscience. J'évolue en permanence dans un passé contrarié et imparfait que je tente de recomposer et un futur à la fois fuyant et trop proche.

L'autre jour, à 11h, un de mes collègues me piste dans les couloirs, il tient dans ses mains à bout de bras ma thermos dans laquelle il a joliment shooté alors qu'il prenait ma relève dans une salle de classe. Résultat : inondation de thé sous le bureau du prof. Je me précipite dans la dite salle pour éponger le sol, devant mes nouvelles élèves amusées. L'anecdote est drôle, mais je ressors de cette classe avec une boule dans la gorge et une vraie envie de chialer. Cette flaque de thé au sol est à l'image de ma fatigue nerveuse : liquide, brulante, incontrôlable.

Et je relis ces "bonnes" résolutions. Et je me dis que c'est déjà bien d'arriver à avancer. Je me sens seule. Je me sens loin. Injonctions de perfection qui me piquent les yeux.

 

11224522_1148328398528244_2260830157960225837_n

***

17 octobre 2015

Retour vers le futur.

Quelques mots retrouvés à l'état de brouillon, rédigés très vite, au printemps...

***

On m'apprend que Mc Fly est delà revenu dans le futur, tôt le matin.

Je surveille 4h de BTS blanc.

Je pédale dans les rues de la ville puis attache mon vélo, deux fois (à un grillage, à un socle), puis à chaque fois, je m'éloigne, je bascule mon trousseau de clé derrière moi pour biper et vérifier que mon vélo est bien fermé. Conclusion, je suis encore obligée de prendre ma voiture trop souvent.

Plus tard, je longe une terrasse de café. Des gens ont le temps. Souvent, je me serais dit que ces mêmes gens auraient pu m'impresssionner. Mais aujourd'ui, si j'avais eu le temps, je me serai installée là et comme eux, j'aurais pris le temps de siroter un truc frais, de consulter mes informations récentes (oui, parce que j'ai un smartphone tout neuf)

Finalement, je pars en cours, parce que je n'ai pas le choix, puis c'est une classe que j'aodore. Mais aujourd'hui, ils sont difficiles, très. Ils m'empoisonnent, ils crient, rient pour un rien, me prennent à partie. Ils me font penser à une classe de maternelle, or je n'ai jamais voulu travailler avec des petits.

Puis, il y a quelques minutes, j'assiste à une scène épouvantable. Devant mon bureau, une de mes élèves. D'habitude douce et souriante, se livre devant moi à un exercice démoniaque digne des meilleures scènes de l'Exorciste. Elle hurle, trépigne, pleure, ses yeux manquent de sortir de leurs orbites, elle bave, m'insulte, me menace, tourne plusieurs fois sur elle-même dans une espèce de tourbillon satanique, est prise d'un fou rire nerveux pour remettre des torrents de larmes par dessus et finit par quitter la salle en me traitant de connasse, dans un violent courant d'air haineux. De la drogue ? Un envoûtement ? Une scène d'impro ratée ? Rien de tout ça, je lui ai juste confisqué son téléphone.

J'ai encore des dizaines de copies à corriger pour demain.

Je réfléchis à la vie que j'aimerais avoir. A ce qui me plaît dans celle que j'ai.

***

J'apprends ce matin que Marty Mc Fly reviendra dans le futur Mardi.

Diane Groseille
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 279 804
Publicité