Trébucher.
L'un de mes élèves, un adorable jeune homme de 27 ans qui prépare un concours, vit dans un immeuble récent, à quelques centaines de mètres de chez moi. Lorsque je vais le voir, je prends les escaliers pour rejoindre rapidement son appartement au deuxième. Et ce depuis des mois. Puis chaque fois, je trébuche. Toujours entre le premier et le deuxième. Au même endroit. Prise dans ma course, les premières fois, je n'y ai pas prêté attention. Car cela ne provoquait pas non plus une chute lamentable, mais juste une petite hésitation de parcours, un vacillement, une projection trop rapide en avant à cause de la pointe de ma chaussure entrant en contact avec la moquette d'une marche.
Une marche. toujours la même.
La dixième, la quinzième fois peut-être, j'ai trouvé que la coïncidence était suffisamment étrange pour que je m'y intéresse. Oui, il me faut du temps pour percuter. Un jour donc, après cette énième perte d'équilibre vite contrôlée, je me suis figée dans mon mouvement, et j'ai pris le temps de repartir en arrière, de redescendre de trois marches... Pour me rendre compte que cette marche, celle-ci, toujours la même et jamais une autre, est tout simplement plus haute que les autres. Vraiment. Quelques centimètres peut-être, mais qui font toute la différence dans l'élan d'une journée de cours.
Une marche. Toujours la même.
Je suis en ce moment, sur ces dernières semaines de ma vie professionnelle, dans l'énergie contrariée par une marche un peu trop haute. Qui me fait vaciller. Je bute, j'oscille, je doute.
Reste à identifier la marche. Et à ne pas chuter.
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