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Diane Groseille
26 mai 2009

About.

"Les gens qui sont dans nos rêves la nuit,
on devrait toujours les appeler le matin au réveil,
la vie serait beaucoup plus simple"


Juliette Binoche, Les Amants du Pont Neuf, Leos Carax, 1991.

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23 mai 2009

J'ai dû me gourer dans l'heure, j'ai dû me planter dans la saison.

Un samedi soir. Entre chien et loup, lu et moi sortons errer dans la quartier. Partout, des éclats de voix, des éclaboussures de rire s'échappent des fenêtres ouvertes. Ce sont les plus beaux jours de l'année, ceux de l'amitié, des amours naissantes, des alchimies de rencontres nouvelles. J'imagine ce qui se passe derrière les haies d'arbustes ou au dernier étage de cette grande maison : des groupes d'amis partagent les choses évidentes de la vie, un bon repas, des moments simples. Lu ne semble pas perturbé. Il renifle ce que la journée a laissé derrière elle d'odeurs nouvelles. Je traîne mes sandales sur le bitume chaud, j'emplis mes poumons de l'air lourd du parfum des fleurs, je n'ai pas envie de rentrer... Dans l'ascenseur, je trouve mon reflet dans le miroir agréable, malgré mes yeux fatigués.

Voilà une semaine que je vis seule. Je pensais d'abord que c'était une bonne période pour aborder sereinement cette solitude toute neuve. Et ce soir, en rentrant chez moi après cette douce balade, j'ai trouvé mon appartement plongé dans le noir. Il est difficile de se retrouver entre ces murs qui sont aujourd'hui les miens et qui ont été  il y a peu les nôtres. Neb vide au fur et à mesure des placards. Il passe ici comme un fantôme, remplis des cartons, me salue à peine. J'essaye tant bien que mal de me réapproprier ces lieux qui se vident de sens jour après jour. J'ai planté cet après-midi des tomates et quelques herbes aromatiques sur le balcon, J'ai trié des affaires, je m'apprête à faire un peu de peinture. Mais tout ceci ne comble pas le vide laissé.

ciel_rose_et_bleu

J'ai accepté par erreur ton invitation

J'ai dû me gourer dans l'heure

J'ai dû me planter dans la saison

Si j'ai confondu avec celle qui sourit pas

mais celle qui est belle bien entendu

et qui dit beau dit pour moi

tu sais j'ai pas toute ma raison

si j'ai toujours raison

tu sais j'suis pas une fille sympa

et j'merde tout ça tout ça

tu sais j'ai pas confiance

j'ai pas confiance en moi tu sais

j'ai pas d'espérance et je merde tout ça tout ça

si tu veux on parle de toi , si tu veux on parle de moi

parlons de ta future vengeance que tu auras toi sur moi

disons entrecoupé d'silence

qu'on est bien seul pour une fois

qu'on est bien parti pour une danse

ça ira pas plus loin tu vois

J'ai accepté par erreur ton invitation

j'ai dû m'gourer dans l'heure

j'ai dû me planter dans la saison

Reste à savoir si on trace

un trait un point dans notre espace

Si j'ai pas toute ma raison si j'ai toujours raison.

22 mai 2009

Un autre été.

Une carte mémoire perdue l'été dernier a fait sa réapparition,
à l'occasion du déménagement de Neb
qui a brassé des sacs, des meubles,  des contenus de placards...

Je ne pensais pas revoir un jour les images
de cette belle randonnée faite au-dessus de Barcelonnette...

Et aujourd'hui, alors que je n'ai pas pris un cliché depuis des semaines
et que l'idée d'un départ en vacances cet été semble pure abstraction,
il est tendre de voir comment lumière et couleur savent parler de bons moments;

papillons

Bien plus par ici sur "petit nid"

***

21 mai 2009

You're beautiful.

Discutions de haut vol hier soir avec mon père, à propos notamment d'une femme de notre entourage. Il me parle de sa beauté (en des termes d'ailleurs bien peu flatteurs, puisque typiques de la gente masculine). Je dis à son sujet que je ne la trouve pas belle car stupide. Et je développe à ce sujet : la façon dont elle n'éduque pas ses enfants, la façon dont la traite son mari, ses souplesses et ses trop nombreux compromis qui font d'elle une femme soumise et insignifiante à mes yeux, sans aucun charme lorsqu'on apprend à la connaître, malgré un physique pourtant agréable.

Très souvent il m'est arrivé de constater la beauté d'une personne jusqu'à ce que celle-ci ne commence à parler. Et ma mère d'ajouter : "la vitesse de la lumière étant plus rapide que la vitesse du son, il est normal que certaines personnes paraissent brillantes avant d'avoir ouvert leurs bouches".

18 mai 2009

Paroles, paroles, paroles.

" Un de perdu, dix de retrouvés "
" Fais toi plaisir, drague, sors, fais la fête ! "
" Tu verras, ça va passer, c'est qu'une question de temps "
" Il ne te méritait pas "
" Oublie ! "
" Bienvenue au club des célibataires "
" T'es forte, tu vas t'en sortir "
" Ah, les mecs, tous les mêmes "
" Moi j'aurais pas eu ta patience "
" Il avait besoin d'un bon coup de pied au cul "

***

jeux_de_mains_1

***

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18 mai 2009

En rose et gris.

Arrive le temps du concret. Voilà deux mois que la décision est prise et Neb est parti ce week-end J'ai envie de dire "enfin" mais je n'y arrive pas. Depuis début mars, nous vivons sous le même toit, j'observe la facilité avec laquelle il rebondit, il reconstruit sa vie et son réseau d'amis. De mon côté, bien que la décision m'appartienne, je coule assez régulièrement, je bois la tasse pour finalement venir récupérer un peu d'air à la surface. J'essaie désespérément d'y voir clair :

Voir la vie en rose, c'est positiver cette décision. Bien sur, j'ai fait le bon choix, ça ne pouvait pas continuer comme ça, nous n'étions plus un couple et je nous ai rendu service à tous les deux en prenant une décision qu'il n'aurait jamais prise. Aujourd'hui, je me sens libre d'avancer et de construire quelque chose de solide, seule. J'exerce un métier qui me plait, au travers duquel je m'épanouis car je me sens utile. Le rapport que j'entretiens avec mes collègues, mes étudiants et mes patrons est excellent. Des liens se sont tissés cette année avec certains, je ne crois pas avoir déjà passé une année aussi riche professionnellement. Je me sens également bien dans mon corps, j'ai perdu quelques kilos et ce n'est qu'un début (j'aime l'idée en ce début d'été de "me débarrasser d'un poids"). Je vais me remettre au sport et dépasser mes limites : me fixer des objectifs. J'ai un appartement que je garde (malgré les complications que ça va représenter), je m'y sens bien et le départ concret de Neb et de ses meubles va me permettre de m'y réinstaller, de modifier certaines choses pour marquer cette rupture. Ma famille est un soutien de tous les jours, ils sont là et ne me jugent pas, ils m'appuient dans chacune de mes décisions, ils m'écoutent malgré les sautes d'humeur qui me caractérisent en ce moment  J'ai mon Lu, cette petite vie qui va rester près de moi, qui m'apporte tant, que je me dois de protéger. Je veux préserver cette solitude naissante et fragile, cette autonomie précieuse, j'ai envie de structurer ma vie autour de ce/ceux que j'ai déjà. Je veux réapprendre à savourer cette indépendance que j'ai tant aimée.

demi_cosmos

Puis certains jours, malgré tous ces éléments positifs, le gris prend le dessus. Alors que l'on  connaît les plus belles journées de l'année, un voile sombre vient ternir mon quotidien.

Voir la vie en gris, c'est voir cette décision comme la fin de quelque chose, et rien d'autre, c'est ne pas réussir à voir devant. Ne voir que l'instant présent, un arrêt sur image, étouffant, pétrifiant. Je fais le point sur tout ce que j'ai voulu construire, sur ces projets que je pensais communs et qui n'appartenaient qu'à moi, aujourd'hui avortés. Je me sens cruellement seule, et je vois le passé comme une grande parenthèse glauque, une trahison, alors que je pensais être comprise et partager. Je ne sais pas comment je vais réagir à la solitude qui suivra puisque je ne l'ai pas connue depuis longtemps. Neb me renvoie en permanence la richesse de son carnet d'adresses au visage. Il sort, en revient souvent ivre et agressif. Je me fais du soucis pour lui. Je ne sais pas comment il va reconstruire sa vie et s'il ne va pas basculer. Tout le monde me dit que ça ne me regarde plus, si seulement c'était si simple. De mon côté, je n'ai que peu d'amis, je n'ai pas envie d'en trouver d'autres, les gens me déçoivent, je me sens blessée et je suis envahie par une volonté de m'isoler. Je vois les vacances arriver comme une épreuve. J'imagine de longs passages à vide. Je ne me pense plus capable de faire confiance, peut-être même plus à moi-même. Un pan de moi-même, de ma force, s'est écroulé, lourdement, peut-être définitivement.

mur

J'essaye de trouver une constance dans cette période de doute. J'ai besoin de me retrouver. Les questions se bousculent. et restent sans réponse. Suis-je capable de vivre seule ? Peut-on reconstruire sa vie à trente ans ? Ai-je envie de la reconstruire? Puis-je encore aimer ?

***

6 mai 2009

Quota.

labo

Juste pour aujourd'hui :

  • Onze heures de cours: quatre le matin à C., quatre l'après-midi à M., trois en soirée à S.
  • Une déclaration par personnes interposées
  • Trente copies corrigées
  • Quinze minutes perdues avec une collègue qui m'a raconté du vide
  • Un plein de diesel
  • Quinze euros de courses rapides
  • Quelques centaines de sourires
  • Un moment où je me suis dit "je vais mieux"
  • Un coup de fil de ma sœur
  • Cent kilomètres parcourus
  • Vingt cinq livrets scolaires remplis
  • Trois mails envoyés, une vingtaine lus
  • Une dizaine de fiches bilans d'interventions remplies
  • Un conseil de classe inutile avec une vieille grue
  • Dix minutes d'énervement avec la même grue qui s'écoute parler
  • Deux nouvelles personnes rencontrées : Hélène et Didier.
  • Deux fous rires justifiés, merci Michael et Alessandra
  • Deux écoutes de In Rainbow de Radiohead, une vers le Sud, une vers le Nord
  • Une promesse que je découvre non tenue
  • Un barbecue avorté : trop froid et fatiguée
  • Les cinq dernières minutes d'un match de foot
  • Quelques minutes de précieux dialogue neutre avec Neb
  • Un épisode de Dr House devant lequel je me suis endormie

Par contre

  • Pas assez de sommeil, ni grasse mat', ni sieste, même pas le temps de finir mon rêve.
  • Pas de promenade de Lucien (il est sorti, mais pas avec moi, ne contactez pas la SPA)
  • Pas de projets
  • Pas d'envie si ce n'est solitude et repos
  • Pas le temps de manger

Demain, encore quelques heures et je souffle : écriture, rangement, cuisine, jardinage, siestes, balades... Besoin de décomposer le temps.

1 mai 2009

Force centrifuge.

Dans le désordre, éparpillés et de tailles variables.

J'ai à l'intérieur de moi des courses dans les herbes folles qui chatouillent les jambes, le souffle coupé, derrière ma maison de "quand j'étais petite", là où le ruisseau raconte la fraicheur et les promesses. Des baisers épicés sur des plages de Martinique, le temps arrêté, concentré sur ces sensations si fortes. Des ivresses secouées sous les stroboscopes colorés, sourds et inconscients, le corps engourdi. La peau contre ma peau et le plaisir violent d'une nuit unique, à chaque fois. Des couvertures rassurantes au coin d'une cheminée, le temps d'une pause. Le papier qui crisse sous une plume. La rugosité de la main d'un homme dans la mienne.

J'ai à l'intérieur de moi des mots isolés dans des instants : "jamais", "capricieuse", "merci", "je t'aime", "peut-être". Des cloches qui annoncent la sortie de l'école à midi. Des numéros de téléphone, des dates et des adresses, comme des notes de musique. Des échos de voix qui me poursuivent plusieurs minutes après la fin des cours. Des rires, des éclaboussures de mots, des cris. Des violons qui m'ont donné envie de m'y mettre et qui resteront toujours. Des chansons d'enfants, ritournelles entêtantes. La voix de Jeff Buckley, bien avant que l'on récupère son Alléluia pour le diffuser partout en boucle. Les cris de Jim Morrison derrière son corps de lézard. L'émotion de la voix de Thom Yorke, ses peines et sa force. 

J'ai à l'intérieur de moi des clémentines et du pain d'épices pour les longues soirées d'hiver. Les soupes de légumes des dimanches soirs pour se guérir de la tristesse de la semaine à venir. Mais aussi le colombo qui n'est plus pareil depuis 2000, découvert sur les trottoirs chauds de Fort de France. Les bonbons à la violette, et ceux trop acides, mais jamais assez, ceux qui crépitent dans la bouche et qu'on ne trouve plus nulle part. Les fruits, le parfum des fraises, le jus des cerises, l'acidité d'un abricot trop ferme. Le surprenant poisson cru, le gluant des vermicelles de soja, les épices du monde entier. La fraicheur d'un fromage de chèvre trop frais, mangé sur le trottoir d'un marché plein de soleil. Le goût du vin quand on en a déjà trop bu. La saveur du tabac sur les lèvres de celui qu'on embrasse. Les goûts que je ne connais pas encore et tous ceux que je vais encore découvrir.

J'ai à l'intérieur de moi la lumière verticale de la Martinique. Celle horizontale d'un chant de maïs de mon enfance. Les nuits étoilées et froides qui voyaient passer le Saint Nicolas. Les regards de centaines, de milliers de personnes, leurs sourires. Des papillons brillants qui tombent du ciel sur une chanson. Des milliers de photos que mon appareil n'a pas prises et que mon œil a captées. Des cardamines sur un talus lumineux. Des valises qui contiennent des tonnes de paysages. Des endroits que je n'ai jamais vus si ce n'est en rêve.

J'ai à l'intérieur de moi des parfums de lessive imprégnés sur des vêtements. Le Cacharel pour homme. Les huiles de bronzage qui ont toujours eu les mêmes odeurs et qui correspondront toujours à des vacances. L'odeur du crépis trop récemment passé dans cette maison de bord de mer. Le moisi, toujours et encore, comme la pire des odeurs, et sans doute juste derrière, le pipi de chat. Des dimanches matins qui sentent le pain chaud. La lavande, la noix de coco, le thym et la cannelle. La magie, l'alchimie de ces mélanges qui ont la capacité de nous plonger dans des univers pourtant évaporés.

Je suis riche.

***

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