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Diane Groseille

29 mai 2004

La nuit.

      Je flane sur la toile, dans cette abstraction. Me sens plutôt bien ici, dans cet endroit virtuel, où fait ni trop chaud ni trop froid. Pas sommeil pour ce soir. J'ai mis en ligne plusieurs textes, j'ai introduit des catégories, des liens, j'ai bidouillé les couleurs, le temps a passé, il est plus de minuit. J'ai aussi mis un lien vers le journal dont je parlais il y a quelques jours, sur un site où j'avais déjà écrit quelques pages. J'ai lu beaucoup de blogs, regardé des photos, suis rentrée dans des unive'rs, dans des intimités. Me sens un peu drôle par rapport à ça, comme saturée d'ambiances et de contextes qui ne sont pas les miens.

    Un long week-end qui commence. Demain soir sans doute une fiesta dans un verger. Avec un feu, de l'alcool, beaucoup de monde et de paroles qui vont monter vers les étoiles. De vieilles connaissances aussi. Des garçons que j'ai cotoyés. Plus que ça en fait. Qui sont rentrés dans ma vie mais qui n'avaient pas forcément envie d'y rester. Je leur avais pas forcément laissé une image bien confortable de ce que ça aurait pu être d'ailleurs.

    Puis dimanche, ma meilleure amie vient déjeuner avec son homme et sa fille qui a maintenant trois mois et dont je suis la marraine. Je suis allée les voir jeudi soir. La patite demoiselle a les grands yeux bleus de son papa et fait des sourires à vous tirer des larmes d'émotion. Elle a serré mon doigt dans sa petite main et je suis restée deux bonnes heures à respirer son odeur apaisante, l'odeur de l'insouciance sur mes genoux.

   Lundi sera férié. je compte bien en profiter pour avancer dans la correction des monticules de copies sur mon bureau. J'aimerais aussi partir en montagne avec Whawha, je ne sais pas si j'aurais le temps.

  Mon dos me fait mal, voilà plusieurs heures que je suis face à cet écran, il est temps que j'aille me coucher.


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28 mai 2004

Curiosité sans intéret.

Questionnaire tac tac.

C'est l'heure des indiscrétions. Je ne connais personne ici...

1. Ton dessin animé préféré quand tu étais petit

2. Ton plus grand projet.

3. Définis toi en un mot.

4. Ta couleur préférée.

5. Ton surnom.

6. Crois-tu à la réincarnation?

7. De quoi as-tu peur?

8. Ton rêve le plus fou.

9. Quel est le prix de la valise R.T.L.?

10. Dors tu avec une peluche?

11. La chose la plus ridicule que tu possèdes.

12. Le pire défaut.

13. Ton pire défaut.

14. Ton souvenir le plus drôle.

15. Le moment de ta vie où tu t'es senti le plus heureux.

16. Un animal commençant par N.

17. Le nom du compagnon de Nils Olgerson.

18. La personne que tu admires le plus.

19. As tu lu Le Petit Prince?

20. Aimes-tu la choucroute?

21. Crois tu en Dieu?

22. Un mot pour ta vie du moment.

23. As tu des photos dans ton portefeuille?

24. Le plus joli mot.

25. Le mot le plus laid.

26. La couleur de tes yeux.

27. As-tu déjà pleuré devant un film? Si oui, lequel?

28. As-tu un porte-bonheur?

29. Quelle est la pire insulte qu'on puisse te dire?

30. Une citation que tu apprécies.

31. Que sais-tu cuisiner le mieux?

32. Sais tu danser la valse?

33. Quel est le plus beau cadeau qu'on puisse te faire?

34. As-tu déjà volé un panneau de signalisation?

35. Aimes-tu mélanger le sucré et le salé?

36. Que penses-tu de la portée artistique des nains de jardin?

37. Penses tu que le nutella mérite le prix nobel?

38. Où est Charly?

39. As tu déjà lu un magazine féminin?

40. As tu déjà fait une collection?

41. La partie de ton corps que tu préfères.

42. La partie de ton corps que tu détestes.

43. As tu déjà porté une jupe?

44. Aimes tu le coca cola?

45. As tu déjà volé?

46. Aimes tu les pigeons?

47. Que penses-tu de la mondialisation?

48. Le dernier livre que tu as lu?

49. Ton plus gros mensonge.

50. Ta plus grosse honte.

51. Qu'est ce qui te donne envie de vomir? Pourquoi?

52. As-tu déjà offert des fleurs? A quelle occasion?

53. Qu'est-ce qu'un adulte?

54. La chose la plus folle que tu ferais par amour.

55. Mais... As-tu déjà été amoureux?

56. De quelle couleur est une boîte noire?

57. Pourquoi le père Noël est il habillé en rouge et blanc?

58. Fait chaud non?

59. Ça te saoule là?

60. Quelle est la question qui te gênerait le plus?


28 mai 2004

Souvenir de Lo.

SUR MESURE.

Deux ans que je l'avais pas vue. Je marchais dans les rues, j'allais à sa rencontre, elle m'attendais, je le savais. Pas forcément envie de la voir. Tout ça faisait partie du passé et je n'avais aucun intérêt à y aller. En marchant, les yeux dans le vide, je repensais à tous nos moments passés ensemble, à ce qu'elle avait été pour moi. Avec le temps, plus grand-chose, une amourette de vacances tout au plus. Un faire-valoir pour la personne que j'étais à l'époque. Je voyais pas ce que j'étais venu chercher ici, la nostalgie ça a jamais été mon truc. Mais j'étais là quand même et c'était pas forcément une bonne chose par rapport à ma vie du moment. Elle m'avait tendu une perche et j'avais fait l'erreur de la saisir. Bon, j'étais là et je pouvais plus faire demi-tour. Je vais boire une mousse et je me sauve, c'est l'histoire d'une demi-heure et je rentre chez moi. Y'a rien de mal à ça...

Elle m'attendait sur une grande place pleine de soleil, il devait être cinq heures, la fin de l'été mais une journée encore chaude. La gorge sèche, j'avance sur les pavés en me disant que je serais ridicule si je ne la reconnaissais pas. Tour d'horizon. Elle est assise là, de dos, mais je reconnais ses bras minces et ses mains qui lèvent son verre de bière à ses lèvres. Je peux encore faire demi-tour et prétexter un empêchement de dernière minute. Bon, après tout, c'est qu'une bière... Je m'avance, la salue et découvre son visage. Elle sourit et je lui colle une bise sur chaque joue. Je m'installe en face d'elle et nous commençons à converser, comme si je l'avais vue la veille. On parle de tout et de rien, de nos vies, du présent... Ses cheveux sont plus longs, avec des reflets que je ne leur connaissais pas, mais elle n'a pas changé. Toujours ses grands yeux qui impressionnent et qui rient. Elle fume, elle boit et je la suis... Plusieurs verres plus tard, on parle du passé... Je n'ai aucune excuse à fournir, d'ailleurs elle n'en demande pas, elle ne cherche pas à savoir le pourquoi du comment. Je réalise malgré tout que, même si ça n'a plus d'importance pour elle aujourd'hui, je l'ai blessée. Dans un moment de lucidité, alors que je me faufile vers les toilettes, je me dis que je ne dois rien à cette fille et que je vais me sauver. Si je devais calculer avec toutes mes conquêtes passées, j'y passerais mes journées. Puis en revenant vers elle, je me dis que je vais rester encore un peu. Je la regarde de loin, ses yeux pétillent à cause du liquide doré qu'elle ingurgite depuis plus de deux heures maintenant. Elle porte un débardeur rouge qui met en évidence ses épaules dorées et une jupe beige, fluide et qui touche le sol, mais qui laisse deviner ses jambes. Elle est plutôt jolie et je me dis que ce serait dommage de la laisser filer.

Alors que je me réinstalle en face d'elle, elle me dit qu'elle va y aller, qu'elle est attendue ailleurs. Comme un con, je lui propose encore un verre. Elle refuse mais accepte que je la raccompagne jusqu'à sa voiture. Sur le chemin, nos pas sont maladroits mais je me sens à l'aise avec elle, comme je l'ai finalement toujours été. Pourquoi avais-je redouté ce moment, c'était simple. Nous passons devant une terrasse et nous nous installons à nouveau pour un "dernier verre". Changement de décor, changement de conversation, je lui parle plus facilement, je regrette certaines paroles alors qu'elles sortent tout juste de ma bouche, mais je ne veux pas en rester là. Je l'invite au resto, elle va refuser, elle a autre chose à faire, forcément. Je ne parviens pas à savoir ce qu'elle pense. Elle accepte et sur le coup je me dis que ç'aurait été mieux qu'elle refuse, pour nous deux.

On se dirige vers une autre petite terrasse, sous les arbres, dans une arrière cour. Soir de semaine, y'a pas foule, des petits lampions au-dessus de nos têtes dispensent une lumière tamisée. Il fait lourd mais elle enfile son gilet de grosse laine. Je réalise que je parle bien plus qu'elle, que je suis en train de faire une bêtise. Je m'éloigne quelques minutes pour appeler ma copine à qui je mens, mais ce n'est pas grave, j'ai besoin de ce moment, j'irai pas plus loin, je fais rien de mal et elle ne se doutera de rien. Sa voix au bout du fil me replonge un instant dans MA réalité. Un instant seulement, dès que j'ai raccroché, je tourne la tête et je refais un bon de deux ans en arrière.

On mange, sans réel appétit. On se regarde, je lui parle toujours beaucoup. Elle me semble plus distante et je me demande à quoi elle pense. Aucune importance. Maintenant, plus rien n'a d'importance, je vis ce moment comme une parenthèse. Je remarque certains détails auxquels je n'avais pas fait attention comme sa bague ou ses cheveux attachés en longue natte qui tombent dans son dos. J'ai envie d'elle. Plus rien d'autre n'a d'importance. Elle me dit qu'elle est libre, libre de faire ce qu'elle veut, qu'elle n'a de compte à rendre à personne. Je ne le suis peut-être pas autant que je le dis. Mes propos me trahissent. J'attrape sa main, le contact de sa peau chaude me trouble.

Ivres d'alcool et de paroles, nous quittons cette petite place quelques heures plus tard, titubant. Je prends sa main, j'en veux plus, ce n'est qu'un rêve, une parenthèse inexistante. J'oublierai tout demain mais ce soir je ne partirai pas comme ça. On longe un parc plongé dans le noir. On s'étale sur un banc. Elle rit et je ris aussi, sans savoir pourquoi. Coup de tonnerre. Ses grands yeux fixent le ciel, elle est allongée, sa tête repose sur mes genoux. Elle semble fascinée par les éclairs, ne me regarde pas, ne me voit pas et je ne vois qu'elle, je craque. Premières gouttes qui s'écrasent au sol. On se réfugie dans un café, encore de la bière, comme pour anesthésier l'erreur. Je la veux, je l'aurais. Je lui dis qu'elle me plaît, que ce n'est que ça, rien à voir avec le passé, comme la première fois. Je ne sais rien de sa vie du moment, elle ne sait rien de moi, on a rien à perdre, je veux la convaincre que les sentiments n'ont rien à voir là-dedans, c'est charnel. J'en viens à réaliser ma routine et je veux m'échapper, quelques instants seulement. Je lui ai fait peur, elle veux rentrer. Notre ivresse ne nous laisse pas réaliser que nous sortons sous une pluie battante. On ne court pas, les gouttes chaudes dégoulinent sur nos visages, je baisse la tête mais elle lève sa figure vers le ciel en riant à gorge déployée. Elle tournoie dans la nuit, ses bras en croix, ses longs cheveux collés à sa peau. Ses vêtements impriment son corps. Je ne peux que la regarder faire, gonflé de désir.

Trempés, nous nous arrêtons sous une porte cochère, personne dans les rues, seuls au monde. Silencieux, nous regardons les trombes d'eau devant nous, elle frissonne, je l'attire contre moi. Je sens son parfum, je lui demande si je peux l'embrasser, elle ne répond pas, elle fixe le ciel déchiré d'éclairs et je sens l'excitation en elle. Elle se retourne et sa bouche vient se coller à la mienne, se coller vraiment, nos langues se trouvent vite et nous sommes soudés. Ses cheveux se collent à ma peau, son souffle est brûlant. Je ne peux m'empêcher de glisser mes mains sous le tissu, j'ai besoin de sentir sa peau. Je remonte le long de son dos, nous sommes enlacés, elle passe à son tour sa main dans mon dos, me serre contre elle. Je la sens trembler, sans doute le froid. Elle s'écarte, quelques centimètres à nouveau entre nous. Je retire ma chemise qui colle à ma peau, elle pose sa main sur mon torse et me fixe droit dans les yeux. "Tu me veux?".

Désir douloureux. Plus rien n'a d'importance à ce moment, vraiment rien, faut que je la possède, vite. Je l'attrape et la serre contre moi, nos bouches à nouveau, comme si elles ne s'étaient jamais quittées, sur le moment, j'aurais pu dire qu'elles étaient faites l'une pour l'autre. Je sens sa chaleur et je veux sa peau, je retire ses vêtements et la pousse contre le mur de briques rouges, dans un recoin plus sombre. Dans la pénombre, contre ma bouche, je devine son sourire, mes lèvres glissent dans son cou, elle est nue devant moi, contre moi, mes mains glissent sur son corps, sur ses fesses, sur ses seins. Tout cela n'est qu'un rêve alcoolisé. Je passe ma main entre ses cuisses et la chaleur humide de son sexe me rend fou de désir, elle soupire, cherchant visiblement à retenir un émoi qui déjà la dépasse. Son souffle sur mon épaule me fait frissonner. Ma bouche descend le long de son corps, j'appuie ma tête contre son ventre et je la serre contre ma joue. Elle tremble mais elle me promet qu'il ne s'agit pas du froid... Je la lèche, je vais enfouir mon visage dans sa douce toison. Son odeur... Ma langue cherche son intimité et je sens ses gémissements dans toute sa chair qui résonnent. Ma bouche la pénètre au plus profond d'elle même et je ressens un plaisir inexplicable à la sentir ainsi remplie par ma langue. Elle appuie ma tête contre elle, de ses deux mains, en ratissant mon crâne de ses ongles nerveux. Je m'attarde à cet exercice, en même temps, je prends mon sexe dans ma main et me caresse lentement. Je la fouille tant et si bien qu'elle finit par pousser un cri de plaisir qu'elle tente d'étouffer en écrasant ses deux mains sur sa bouche. Elle pose ses doigts sur mon cou pour attirer mon visage face au sien, se laissant glisser le long du mur rouge et embrasse profondément ma bouche qui doit avoir son goût. Puis elle me repousse, me tient à distance et fixe mes yeux d'un regard que je ne comprends pas. Une longue minute sans doute, où son souffle court ne parvient pas à me parler mais ses yeux semblent perdus. Puis, comme une capitulation elle dit "prends-moi", dans un murmure. Je sais que c'est ce que nous souhaitons au plus profond de nous sur ce moment et nous ne renoncerons pas. Brutalement, je l'attrape à bras le corps et son corps vient cogner contre le mien, s'emboîter contre moi. Elle me serre fort et je pense que nous ne ressentons plus à ce moment, ni le froid, ni les doutes. Ma main glisse entre ses cuisses chaudes et j'attire sa jambe contre ma hanche, mon sexe est tendu de désir et il glisse contre son ventre. Je cherche l'entrée, doux refuge, humidité et chaleur, ce trou béant ou l'on souhaite retourner, la sécurité, le plaisir... Je pose d'abord la tête de mon sexe contre cette inondation que j'ai provoquée. Je savoure cet instant où tout n'est que désir violent. Après, c'est presque moins fort. Puis je m'engage en elle, lentement, pour sentir chaque parcelle de chair brûlante. Nos corps sont soudés, je suis au fond d'elle et, l'un contre l'autre, nous restons un instant immobiles. Elle recule son visage et ses yeux m'embrassent et me disent oui.

Puis la violence du désir. Sauvagement, je la soulève, le mouvement part, je la baise, vite et fort, dans son corps, pleinement en elle, je la possède, terriblement. La bombe est amorcée. Je ne vois que ses yeux, car toujours, quand je lui ai fait l'amour, j'ai vu ses yeux. Ses gémissements sont un catalyseur de mon plaisir qui me propulse encore plus en elle, puissamment et profondément. Mon corps tout entier vient buter en elle... Mes doigts même viennent pénétrer sa chair, j'écrase sa cuisse dans ma main, contre ma hanche. Ce va et vient laisse monter en moi une violence, une force, qui amplifie encore le mouvement. Je voudrais que ce moment dure toujours, le moment où l'on sent que le désir va se transformer en un plaisir fulgurant. Je ralentis mon rythme quand je le sens en moi si présent que je pourrais en parler la langue. Je veux sentir mon sexe très précisément entrer encore et sortir, jusqu'au bout, de l'entrée et de la sortie, de ce sexe qui me mange et me mâche. Elle me dit encore oui, toujours, dans un souffle, par ses yeux. Je te veux, entièrement et très fort, en moi, pour jouir, encore...

Je viens une dernière fois me planter en elle, fort et dans ce dernier voyage, je me vide, avec un râle qui me dépasse et me soulage de toute cette violence exquise. J'ai senti son corps autour de moi se resserrer, son sexe faire étau autour de mon sexe, je sais qu'elle a pris du plaisir et je sais que c'est tout ce que nous cherchions cette nuit. Elle glisse le long du mur et se recroqueville sur le gilet de laine posé à ses pied. Elle prend ses genoux contre sa poitrine, dans un sourire. Elle me regarde, je m'accroupis en face d'elle et réponds à son sourire. Je voudrais, un instant, que ça ne soit resté qu'un fantasme, ce serait si simple pour la suite, pour ma conscience... Mais je ne regrette pas... Rien, je me sens lourd de plaisir encore et j'aimerais passer le reste de la nuit à ses côtés... Elle se rhabille, tremblante, en vitesse, enfile son débardeur rouge qui est trempé... Elle est toute décoiffée, plutôt jolie, les joues encore roses de plaisir... Elle s'enveloppe dans son gilet, reste plantée quelques secondes en face de moi, ses yeux m'immobilisent, me clouent sur place. Elle pose sa bouche sur la mienne, et le contraste est tellement fort avec les gestes violents que nous venons de partager. Elle dit au revoir et part en courant, ses sandales claquent les pavés, et son corps s'engouffre dans une ruelles sombre.

Je reste un instant pétrifié. J'enfonce mes mains dans me poches, j'ai le hoquet, il pleut toujours, mais moins fort; Je ne sais plus ou j'ai garé ma voiture... Je m'éloigne, me retourne encore pour jeter un œil sur la porte cochère, lieu de notre délit, puis je tourne le coin de la rue...

Je ne l'ai jamais revue mais je crois que ce soir là, nous avons mis fin à une histoire dont la parenthèse était restée en suspend. Nous avions besoin de ce contact fort, tous les deux, pour savoir que nous avions vécu quelque chose de beau.


28 mai 2004

Fantasme.

Diane est couchée dans les herbes hautes. Allongée de tout son long, le souffle court, elle respire. Le ciel au-dessus d'elle tourne. Elle vient de lâcher son vélo dans le fossé et s'est laissée tomber dans ce flou vert et parfumé. Elle avait pédalé de toutes ses forces, jusqu'à n'en plus sentir ses mollets, pour gravir cette pente... Maintenant, jusqu'à chez elle, il n'y a plus que de la descente... Une fois son souffle repris, elle s'assied et fouille dans son sac de toile pour en extirper son paquet de cigarettes... Elle allume sa tige de nicotine, regarde ses longues jambes dorées, lisse une mèche de cheveux entre ses doigts. C'est une des journées les plus longues et les plus chaudes de l'année. La lumière est rose et horizontale, encore chaude alors que le soleil lentement se cache.

Diane remonte sur son vélo noir et se laisse descendre. La ville est au bas de la côte, avec ses odeurs de pizzas, la rumeur de ses terrasses, le parfum du goudron qui a été chauffé par le soleil toute la journée. Elle a dans la tête un morceau des Pixies. Elle repense à cette agréable soirée passée avec quelques amis dans un jardin, à tous ces martinis qu'elle a bus et qui la rendent bêtement joyeuse. Le tissu léger de sa robe mauve imprime tout son corps. Avec la vitesse, ses cheveux fouettent ses épaules.

Diane slalome maintenant dans les petites rues qu'elle connaît si bien. Peu de monde. Elle emprunte la rue piétonnière, deux garçons se lèvent en riant d'une terrasse de café, ils saluent leurs amis en reculant. Pas de réflexe, sans doute l'alcool, elle percute le premier alors que le second l'esquive avec une pirouette. Elle laisse tomber son vélo à terre. "Je suis vraiment désolée". Elle sourit quand elle voit que le garçon allongé sur la chaussée est secoué d'un rire rassurant. Visiblement éméchés, les deux jeunes hommes se proposent de la raccompagner ce qu'elle n'ose refuser.

Diane observe ces deux compères tout en marchant à côté de son vélo. Celui qu'elle a renversé sautille à sa gauche, bousculant les politesses et les présentations. Il se nomme Ben, la peau matte, de longues mèches blondes et bouclées qui cachent un regard bleu espiègle, il a un débit de parole impressionnant qui contraste avec le silence de son voisin de droite. Claude est grand, plutôt large d'épaules, des traits fins et un regard sombre. Il marche, mains dans les poches, souriant vaguement aux vannes balancées par son ami. Ce dernier est tellement occupé à attirer l'attention de Diane qu'il ne se rend même pas compte de l'absence de Claude lorsque celui-ci entre dans un bar illuminé pour saluer quelqu'un qui lui faisait signe.

Diane et Ben continuent leur route. L'immeuble de Diane n'est plus qu'à une centaine de mètres... Elle ralentit son pas pour passer encore quelques instants aux côtés de ce jeune homme qu'elle aimerait mieux connaître. Il lui parle de lui, la dévisage, puis la détourne de sa route, bifurque sous une porte cochère pour arriver dans une petite cour intérieure au milieu de laquelle trône un petit cerisier. Devant un parterre de fleurs éparpillées, un banc laqué d'un vert tendre les invite à s'asseoir. Diane appuie son vélo contre un mur et vient prendre place aux côtés de sa nouvelle connaissance. En levant la tête, elle réalise que la nuit est proche, que l'obscurité se fait lourde, un trou de lumière rosâtre se dessine au-dessus des terrasses. Elle ne sursaute pas quand sa main se pose sur sa cuisse encore chaude de cette lourde journée et ne l'arrête pas quand il remonte sous sa robe. Silence, il la regarde profondément, elle comprend, elle acquiesce avec les yeux. Elle le laisse faire, renverse sa tête en laissant ses longs cheveux se balancer derrière le banc.

Diane soupire quand elle sent sa culotte de coton blanc glisser le long de ses jambes. Ben est à genou devant elle, il pose sa bouche sur sa peau, à l'intérieur de ses cuisses. Sa main s'est posée au creux de ses jambes, il sent son désir humide, ses doigts glissent en elle, lentement, tendrement. Rapidement, Diane sent que la chaleur d'une langue a remplacé l'habileté digitale et sous ce baiser, elle ferme les yeux et laisse monter en elle le flux du plaisir qui la remplit. Les paroles incessantes ont laissé place au murmure lointain de la ville nocturne. Les boucles dorées viennent chatouiller sa peau innocente. Elle a un mouvement de surprise lorsqu'une main se pose sur son cou et découvre le visage de Claude au-dessus du sien en ouvrant les yeux, elle surprend un regard complice entre les deux amis. Les fines bretelles de sa robe glissent sur ses épaules et découvrent des seins ronds et dorés aux pointes érigées de plaisir. La bouche de Claude vient se coller à cette peau scintillante. Sous les deux langues, Diane se sent objet de désir, poupée gonflée de sensualité. Elle sent la bombe en elle, cette moiteur douce dans son ventre, aiguisée par les doigts de Ben qui la fouillent, sa langue qui caresse son bouton, conjuguée aux morsures torrides de Claude. Plaisir multiplié. Galop de souffle. Un gémissement s'écoule de ses lèvres entrouvertes, pour se transformer en un cri qu'elle ne peut réprimer... Cri... Crie... Claude écrase sa main sur la source bruyante et pose sa bouche sur les paupières closes. Elle jouit, explosion multicolore...

Diane ouvre les yeux, frisson dans tous son corps, elle croise les regards rieurs des deux amis. Ben l'attire contre lui. Elle sent le gonflement du désir. Elle sursaute lorsqu'il glisse à nouveau sa main entre ses cuisses liquéfiées. Il la fait pivoter, en face d'elle, Claude, torse-nu. Elle appuie ses deux mains sur le dossier du banc et offre sa croupe aux mains qui l'explorent. Cambrure, corps anguleux. Elle sent sa queue maintenant remonter le long de sa fente chaude. Il entre en elle, facilement, en assurant son mouvement de ses mains collées sur ses hanches. Claude, accroupi en face d'elle, lèche ses lèvres, se relève et lui présente un bâton de chair. Sa bouche se referme autour de la queue frémissante, elle l'engloutit, délicatement puis goulûment, l'enveloppe de ses lèvres. Elle est remplie, son plaisir est bipolaire. Les deux sexes suivent la même cadence. Toujours les Pixies dans son esprit, mais "où est son esprit ?". C'est au tour des deux garçons de gémir. Claude attrape un sein et en torture la pointe. Délicieux supplice. Ce va-et-vient parfaitement rythmé fait fondre Diane. Elle se sent comme désarticulée par cette nouvelle vague en elle. Pourtant, il y a comme un axe qui la transperce. Plaisir aigu, soudain, toujours plein de contrastes et de couleurs. Elle sent Ben se répandre dans son ventre, au même moment Claude emplit sa bouche d'une semence onctueuse, plusieurs jets qu'elle laisse descendre le long de sa gorge avec délectation. Alors que Ben se retire, Diane lèche encore tendrement la queue de Claude. Elle s'assied sur le banc, engourdie de plaisir, sa robe retroussée à sa taille.

Ben, après avoir chuchoter quelques mots à l'oreille de son ami, colle un baiser sur la joue de Diane et s'en va, les mains dans les poches de son 501. Claude et Diane se retrouvent seuls, silencieux. Le jeune homme tend un paquet de camel. Ils fument tous deux, laissant s'évaporer avec les volutes de fumée leurs derniers frissons de plaisir. Diane, retrouvant ses esprits, se lève et se dirige vers la rue avec son vélo. Claude l'accompagne, sans un mot, jusqu'à sa porte. Après avoir cadenassé son vélo à un réverbère, elle fouille dans son sac pour y chercher ses clés. Il soulève son visage et l'embrasse tendrement, puis, après avoir longuement plongé ses yeux dans les siens, il lui glisse un "merci" à l'oreille qui la fait encore trembler. Il tourne les talons et Diane entre dans le couloir frais et sombre. Elle grimpe les cinq étages et n'est pas surprise, en poussant la porte de son appartement, d'y trouver son ami, les yeux rivés à l'écran de sa console de jeux. Sans un regard, il lui demande si sa journée a été bonne. Elle lui répond seulement : "Je t'aime".


28 mai 2004

Promenade dans le parc.

Avec Whawha, je suis allée dans le parc. Promenade du soir, comme tous les soirs. Avec la chaleur de la journée se développent quantité d'effluves. Petite liste:

  • Je descends les marches et dans le couloir, toujours, ça sent le pain chaud ( petite patisserie au rez-de-chaussée).
  • Odeur de pizza dès l'ouverture de la porte de l'immeuble, je vis dans un centre ville, zone pietonne, restaurant tous les deux pas.
  • Plus loin, dans une petite cour intérieure, odeur de lessive du linge propre encore humide est suspendu aux terrasses.
  • Arrivée dans le parc, parfum de l'herbe fraichement coupée qui n'a pas encore été ramassée et qui a seché plusieurs heures au soleil.
  • Odeur forte de caca de chien.

Puis y'a du visuel aussi:

  • Trois sourires et un clin d'oeil.
  • Le soleil en pleine face au détour d'un trottoir.
  • Un sparadrap collé sur un rebord.
  • Un dalmatien qui saute par dessus un banc.
  • Une neige de pétales sur un arbre qui perd ses dernières fleurs pour laisser place à la verdure et à l'été.
  • Une jeune femme, les traits tirés qui crie dans son téléphone portable.

Je porte une jupe longue et fluide, mes sandales de cuir et un pull beige, laine souple. Je sens le vent qui légerement enroule le tissu autour de mes jambes. Je respire.


 

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26 mai 2004

Le jour d'après.

Mon réveil sonne il y a peu. Comme pour les semaines qui viennent de passer, je pense qu'IL est derrière moi. Je me retourne sans ouvrir les yeux, dans une torpeur certaine pour me blottir dans sa chaleur, pour quelques secondes de sommeil volées au réveil. Mais je me heurte au froid du lit. L'est parti. C'est vrai, je retrouve mes esprit et la réalité. Il est parti hier matin. Je suis seule à nouveau pour une dizaine de jours. Des choses à règler encore chez lui, dans sa région, voir sa famille, déménager les derniers meubles... Nous nous connaissons depuis quelques mois. Il vivait loin. Travaillait beaucoup. Je me farciçais huit heures de train pour aller le voir. Puis lorsque sa boite a fermé, il m'a annoncé qu'il arrivait. Nous avons aujourd'hui déjà quelques semaines de vie commune derrière nous. Et on ne peut pas dire que tout a été rose. Je n'arrive pas à avoir assez de recul pour dire si je me suis encore trompée ou si je suis simplement vraiment devenue une intolérante célibataire endurcie. Le fait est que nous nous prenons le bec assez souvent, violemment parfois, mais surtout pour des détails sans importance.

     Avant lui, y'avait eu mon premier amour. Quatre ans de vie commune. Comme un mariage de jeunesse. Aves des promesses et de douces utopies sucrées. Puis toute la féérie s'évapore (pour ne pas dire part en couilles). Et on se retrouve un matin comme faisant partie des meubles et avec tellement plus rien à se dire, cruellement. Et on a beau essayer, faire semblant de se connaitre et de s'aimer encore, ça sonne faux et ça passe plus du tout. Alors on se sépare. C'est pas que c'est agréable et lui il aurait même peut-être continuer à faire semblant, pask'il trouvait qu'elle avait bon gout la routine, mais là, on avait vraiment l'impression de passer à côté de sa vie. Nous redevient JE, et c'est même une nouvelle naissance pask'entre temps, on avait oublier ce que c'était d'être JE et pas "la copine de machin". Après, on devient une rebelle de la vie de couple. Avec un territoire à soi et des nouvelles illusions sur ce que devrait être l'amour, avec tout le respect pour que cette fois ça pourrisse pas en cours de route. Faut surtout pas oublier les erreurs passées. Alors on les contourne. Pas d'engagement. Avec les suivants, on décide de se voir que pour "le bon". Pas besoin de se supporter au quotidien, chacun chez soi et on se retrouve pour partager quelque chose de vrai. Mais là aussi, au bout de trois ans de funambulisme, vous réalisez que c'était un leurrre. La solution n'est pas dans la recette, elle est dans les ingrédients. Si les ingrédients ne se marient pas vraiment au départ, on a beau les accomoder comme on veut, le résultat sera indigeste.

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         Fermeture de la parenthèse fllash-back. Aujourd'hui est encore une parenthèse jaune, dans la tendresse de ce printemps qui s'installe. Va falloir que je parte en cours. Avant cela, promener Whawha, prendre une douche grand V, et manger une tartine de confiture de groseilles. Après ça file jusque ce soir dix neuf heures. J'aimerais avoir le temps de passer à la pharmacie car ce retard de règle m'inquiète de plus en plus. Déjà qu'il y a eu tous ces problèmes intérieurs les deux dernières semaines. Dix jours d'antibiotiques. Je recommence doucement à ouvrir les yeux et à tenir sur mes pates. Je m'étais rarement sentie si fatiguée. J'ai envie de mettre en ligne un de mes textes. Pour avoir un avis?


25 mai 2004

Soirée rose.

      Déjà la nuit. Muse dans mes oreilles. J'ai le temps d'écrire maintenant, même si ce n'est pas évident de se lancer comme ça. J'ai flané au détour de quelques blogs, comme je l'aurais fait dans les ruelles d'une ville inconnue, à la recherche de je-ne-sais-quoi, avant de me lancer. Ecriture bordeau, comme un bon verre de vin pour se donner du courage, pour accompagner un moment agréable. Un peu d'appréhension...

     Jusque là, je n'écrivais que sur du papier [si ce n'est quelques mots sur un site où je n'ai pas trouvé ma place, entre les journaux intimes (qui n'ont d'intime que leur rapport avec la grammaire française) de demoiselles de 15 ans]. J'ai toujours entretenu avec ma plume un rapport sensuel. La fluidité de l'encre sur le papier qui traduit des émotions: la colére, la joie, l'impatience, la peur ou l'incompréhension. Depuis l'age de sept ans. Depuis que je sais écrire en fait. J'ai besoin de mettre des mots sur ce que je vis. D'autres ont besoin de le raconter... A leur conjoint, leur meilleur ami, au téléphone, à un barman ou à un psy. Moi je préfère écrire, car je ne peux pas dire aussi facilement. Mais mettre des mots sur ce que je traverse m'a toujours permi de RANGER. Je m'éforce de trouver le mot juste et simple. De pas perdre le fil, de pas trop tirer dessus non plus.

    J'ai 26 ans. Je suis une fille. Ou faut-il dire une femme? Je vis dans un loft sous les toits d'une ville pas si jolie que ça. Plus seule depuis quelques semaines. Ouaip, y'a un jeune homme qu'a réussi à prendre une place dans ma vie. Et c'était pas facile. Et d'ailleurs c'est pas gagné non plus... Mais ça, j'y reviendrai... Puis j'enseigne. Je suis professeur. Pas toujours facile non plus. Je fais face chaque jour à l'inexistante motivation de mes élèves. Sont gentils mais z'ont vraiment autre chose en tête. Entre 15 et 25 ans. De futurs cuistos. Et moi, au milieu, je rame avec un enseignement général dont ils se battent les miches. M'enfin. J'y suis et je passe en temps plein en septembre.

    Sinon, que dire. J'aime les couleurs, les contrastes, la lumière, la spontanéité, les choses éphémères, le chocolat, pleurer, ma soeur, le vent, mon chien, partir, demain et aujourd'hui, le rire des bébés, les soirées entre amis, me laisser transporter par une fiction, faire des listes, cuisiner, marcher sans aucun but. Je n'aime pas courir, le froid, les certitudes, choisir (car c'est renoncer), mon inconstance, avoir mal, vomir, attendre, la mauvaise foi, Michel Sardou et les betteraves.


25 mai 2004

Première fois.

Je débute ici. C'est ici que ça recommence. Je n'ai que peu de temps maintenant, j'en aurai plus ce soir. Je suis face à la bécane du taf. Va falloir que je file donner mes cours ailleurs. J'avais envie de balancer quelques mots sur la toile avant cette nuit, juste pour voir mes lettres au milieu de temps d'autres. Ce qui me fait peur ici, c'est cette profusion. Jamais connu ça sur le papier. Le temps me presse. Plus tard.
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Diane Groseille
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