C'est vrai, j'ai pas vraiment pris le temps de me présenter. Je suis arrivée ici, j'ai trouvé ça plutôt douillet et je me suis installée comme si y'avait personne autour alors que niveau voisinage, ça ressemble à une plage de Saint-Trop' un jour de juillet. Ceux qui lisent comprennent pas tout. Je pourrais dire "je m'en fous, je n'écris pas pour les autres", mais si c'était le cas, je me contenterais de quelques pages sur word.... Alors je vais essayer d'être polie et de dresser au fil des jours un portrait de moi à travers mes posts en donnant davantage de détails sur ma vie. On arrète de la jouer perso!
Si j'en viens à ça, c'est parce que j'ai déjà eu de nombreuses questions sur mon emploi, qui, il faut le dire, me perturbe les derniers temps. Je ne suis pas prof de français. Je suis formatrice indépendante. J'enseigne plusieurs matières, à plusieurs niveaux et le domaine d'intervention numéro un est la méthodologie. Et forcément, comme je le fais remarquer à Nushy, dans cette polyvalence, je n'atteins aucune perfection. Je touche à tout. En ce moment, j'enseigne effectivement le français, l'histoire et la géographie, mais dans le cadre particulier d'un établissement privé à enseignement spécifique (j'entrerai pas dans les détails). J'ai jamais voulu passer de CAPES ou autre diplôme qui m'aurait ouvert les portes magiques de l'éducation nationale. [Je sens le coup de gueule qui revient] En effet, je ne vois pas l'intéret de trimer plusieurs années sur la préparation d'un concours qui va vous envoyer loin de votre chère région le temps de faire vos preuves sur un poste en ZEP que personne ne veut. Je ne vois pas l'intéret d'emmagasiner des connaissances en ancien français ou en latin pour faire la flicaille dans une classe de 5eme parce que les parents ne savent plus ce que signifie l'éducation, et n'ont même plus aucune notion de ce qu'est la politessse et que, du coup, les enfants se fondent dans un moule. Je ne veux pas être dépendante du ballets incessants des changements de gouvernements qui s'accompagnent de réformes plus novatrices les unes que les autres, pondues par des gens qui n'ont jamais vu à quoi ressemblait un élève de 4eme. Non, je ne veux pas des presque quatre mois de vacances. Je ne veux pas non plus entendre les syndiqués en salle des profs râler à longueur de journée parce que le rectorat ou le ministère sont "que des cons". Je ne veux pas travailler aux côtés de gens blasés, planqués, frustrés, qui ressortent chaque année les mêmes photocopies et qui comptent leurs jours jusqu'à la retraite. Je ne veux pas considérer les élèves comme une "classe", mais comme des individus, qui ressentent des choses, qui ont une vie en dehors de la salle dans laquelle on intervient.
[Je souffle]
Alors, j'enseigne un peu partout. Mes journées ressemblent à un puzzle dont je cherche les pièces aux quatre coins du département. Si je parle si froidement de l'éducation nationale, c'est que j'y ai fait des remplacements plusieurs années (et j'y ai rencontré des gens géniaux, contrairement à ce que les lignes là-haut pourraient laisser entendre). Maintenant, j'ai donc un poste dans un établissement un peu particulier, à mi-temps. Et je donne des cours à des jeunes en rupture de scolarité, pour raisons médicales ou psy. Je donne des cours particuliers classiques aussi. Et j'aime beaucoup le rapport qui peut se développer dans ces conditions: la confiance et le respect (que l'on peut obtenir dans une classe aussi bien entendu). Je fais en quelques sortes ce que des gens ont cru inventer il y peu de temps et qu'ils ont baptisé coaching (z'auraient pas pu trouver un mot français). J'encadre des enfants, des jeunes et des adultes, je leur redonne les moyens de se sentir en confiance. Cours de methodo, d'expression orale, écrite, cours de théâtre, etc... Mais je recherche toujours autre chose. Ma quète? Un établissement, un contexte, dans lequel l'enfant, le jeune, est considéré comme une personne et non un pion, avec tout le potentiel qu'il peut avoir, tant emotionnel que manuel ou intellectuel. Un contexte dans lequel le prof n'est pas considéré comme celui qui fait règner l'ordre et qui applique des règles, mais comme quelqu'un qui transmet un savoir, dans un cadre de respect et de partage ("j'ai aussi quelque chose à apprendre de vous, je ne suis pas Dieu").
Je ne crache pas sur le systême scolaire actuelle (quoique...). Il est ce qu'il est et j'ai rencontré des gens merveilleux qui avaient réussi à y trouver leur place et à s'y épanouir. Je trouve juste que ce n'est pas ma place et que ce systême n'est pas adapté à beaucoup, dont on ne tient pas compte et qui vont être catalogués "échec scolaire". Aujourd'hui, du haut de mes 26 ans, je cherche donc à m'épanouir. Le cadre dans lequel j'évolue actuellement ne me le permet pas. J'étouffe. On me demande de mettre à execution un règlement carcéral avec lequel je suis en total désaccord. J'assiste tous les jours à des scènes de conflits entre élèves et "supérieurs" pour des raisons de discipline ou d'autorité. Les cris me fatiguent. Et je suis presuadée que cette ambiance n'est pas de la responsabilité des élèves (dont l'éducation est bien souvent "en pointillé") mais bel et bien celle de la direction.
Alors pour le moment, ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord.